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Les poèmes de Maricarmelle
27 mai 2022

Et Jeanne entendit la voix

Par la fenêtre

 

 

      Et Jeanne entendit la voix…

 

Je voudrais tant m’appeler Jeanne pour entendre

Résonner le timbre chaud de ta mélodie

Berçant mon sommeil, me couvrant de baisers tendres,

Tes éclats de voix caressante au saut du lit.

L’interphone muet qui m’emplissait de joie

M’envoie ton image neigeuse au ralenti.

Je ressens ton étreinte tout comme autrefois :

La cruelle réalité m’abasourdit.

Fais-moi des signes, parle plus fort : c’est l’hiver

Ne me laisse pas dans cette froide atmosphère.

Je voudrais m’appeler Jeanne pour t’écouter

Me conter la fin de l’histoire inachevée.

 

 

Sonne l’heure du coma, l’heure où tout s’effondre,

Le corps, l’âme, l’esprit, cette part de ma vie.

Terres, chemins et jardins, nul ne peut répondre

Une seule seconde, un déclic de sursis :

Soudain ressurgit l’espoir aux yeux pleins de larmes.

L’attente me susurre un diagnostic fatal

Cette espérance incroyable qui me désarme,

Lancinante ainsi qu’un doux refrain hivernal.

Un lumignon vacillant veut de l’oxygène :

Il en reçoit si peu qu’il ne crie plus sa peine.

Je voudrais tant m’appeler Jeanne pour t’ouïr

Me dire que ce n’est pas ton dernier soupir.

 

 

Ce dimanche de décembre si surprenant

Par les sonorités, de ta voix, disparues,

Ta bouche délicate murmurait autant

Qu’elle pouvait les versets de ta foi férue.

Le cœur serré je me penchais sur ton visage

Pour mieux déceler les bribes articulées.

Mais en vain ta volonté redoublée par l’âge

S’obstinait à vouloir toujours tout épeler…

Epuisée la veille du solstice d’hiver,

Tu nous as chanté « joie joie », sur un ton amer…

Je voudrais tant m’appeler Jeanne pour chanter

Avec toi « O sole mio », durant l’été.

 

 

Je voudrais tant m’appeler Jeanne, au téléphone,

Pour que tu me répondes, rien qu’un petit souffle.

Maman ! Dis-moi ! Je voudrais tant, mais…plus personne…

Ton être absent crie dans ce silence et s’essouffle !

Les vocalises que tu chantonnais gaiement

S’en sont allées feutrées sur des nuages blancs…

 

                                                

Pour toi qui me manques, maman adorée.
Février 2012

Maria Duhin-Carnélos

Poème tiré du recueil Catimini publié chez Edilivre.

la plume d'oie de l'écrivain!

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Commentaires
B
Magnifique poème plein d'amour et de délicatesse. Mon deuxième prénom est "Jeanne ". Amitiés
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