Feu follet
Feu follet
Le marbre et le vent mêlaient leurs mots à nos laconiques paroles
La distance imposée nous tenait à l’écart les uns des autres,
Dans ce froid le masque empêchait que notre souffle s’envole,
Nous marchions vers le néant au pas d’une procession d’apôtres.
Nos cœurs meurtris s’abreuvaient à nos blêmes regards,
Accablés par le tourment du même deuil au même moment
La même peine au fond de l’âme que rien ne répare…
Quand une larme fit croire à l’impossible, irrévérencieusement.
Mais notre âge mûr nous gifla comme une pluie glacée,
On se ressaisit aussitôt refusant l’anathème
Pour ce bout de vie tortueux aux embûches essaimées.
Les funérailles finies, ce fut l’adieu face à nos chrysanthèmes.
Or nos yeux qui suppliaient de rester encor un peu,
Ne se détachaient pas figés dans un silence prolongé.
Bien trop court pourtant dans ce cimetière aux mille feux !
Soudain l’étincelle éteinte, doubla le poids de notre passé…
23 juin 2021
Maria Duhin-Carnélos (L’au-delà du temps)