La balançoire
La balançoire
Sur le banc de fer forgé
Qu’il repeint soigneusement
Elle aime s’y reposer
Quand vient l’heure du ponant.
Les rubans de ses cheveux
Taquinaient les papillons
En courant sous le ciel bleu
Vers le merle et le pinson.
Ses pieds aux souliers vernis
Tiraient ses jambes tendues
Pour toucher le paradis
En balançoire déçue,
Plus haut encor et toujours.
Elle allait vite au jardin
Mêler son cœur à l’amour
Sans soucis des lendemains.
Sous sa grande capeline
Elle a cueilli des iris
Son allure est longue et fine
Et ses douces mains sont lisses.
Elle a blotti le bouquet
Dans l’alcôve de ses bras
Loin des regards indiscrets
De la ville et des tracas.
Du printemps jusqu’à l’hiver
Et qu’importe la saison
Nul ne sait pour quel mystère
L'on peut perdre la raison.
Chaque année la brise passe
Caresse ses joues de femme
La corde jamais ne casse
L’absence a blessé son âme.
Elle a coupé quelques fleurs
Qu’elle a posées sur le banc
Prend sa canne avec lenteur
Et rentre à pas hésitants.
Le lys qu’elle n’a pas vu
L’entoure de ses senteurs
Ce jardin des pas déchus
Reste gravé dans son cœur.
La rouille a couvert le banc…
Un panier de fleurs séchées
Posé près d’un chapeau blanc
Entre eux deux plus qu’un cliché…
Dans sa grande maison vide
Elle a réuni ses rimes
Sans lui, son encre est livide,
Ses immortelles, victimes…
Maria « La rime et l’immortelle »
Novembre 2020, deux années… Avril 2021.